L’histoire de cette oeuvre a débuté sans moi, elle se poursuivra aussi sans moi après l’accrochage prévu le 24 septembre 2016, inspirant je l’espère d’autres oeuvres.

j’ai commencé à participer au projet de cette fresque au printemps 2015. J’avais d’abord participé au festival des Talents’Z Anonymes organisé dans les centres sociaux rennais. J’avais emmené un collage à Cleunay et on m’a dit de contacter Christophe, de Carrefour 18. Il m’a invité à une réunion avec la direction de quartier et d’autres habitants du centre ville (Simone, Vera, Françoise, Anne-Françoise et Sophie). Il s’agissait d’organiser l’opération « Rennes chantier d’art prend le metro ». À un moment on m’a demandé si j’avais une idée. J’ai proposé de faire un dessin rassemblant quelques monuments rennais pour faire un coloriage collectif ouvert à tous les usagers du metro. Petit budget, une grande planche et quelques crayons, projet validé. De réunion en réunion, on m’a parlé d’un autre projet, porté par les résidents du quartier, de produire une peinture collective pour habiller le mur du moulin Logeais.

Pourquoi ce mur particulièrement ? On a construit récemment là une passerelle qui relie deux rives d’un bras de la Vilaine. On l’appelle la passerelle « Odorico » en mémoire d’un artiste mosaïste qui habitait le quartier. Sur la passerelle on a collé une bande de tessons de mosaïque retrouvés dans son atelier. On a aménagé là un espace propice à la médiation poétique… des plantes, de petits arbres, quelques bancs, la rivière, le moulin.. On voudrait là une peinture qui raconte le quartier, l’histoire de la ville … Comme il y a là un moulin, il faudrait évoquer les céréales, le pain, les moissons, des enfants qui jouent … On veut aussi montrer que le quartier est cosmopolite, et surtout, on veut que ce soit une oeuvre collective, où les habitants participent.

J’ai proposé de faire le dessin, la composition sur des panneaux de bois, que ces panneaux soient repartis dans les écoles et les centres de loisirs du quartier, qui étaient déjà impliqés dans le projet avanat mon arrivée, et qu’ils soient mis en couleur par les participants aux ateliers arts plastiques de ces établissements. On a pris rendez-vous pour la rentrée afin que je propose une esquisse sur papier de la composition. J’ai aussi à ce moment là pensé que j’allais devoir transiger mes principes et travailler d’après photo pour inclure des éléments que je n’ai pas été dessiner sur le motif. À ce moment là aussi j’ai pensé à Mathurin Méheut et son travail sur le travail. Sa passion même pour dessiner les hommes au travail, et montrer la noblesse du travail. Et j’avais en tête non son travail sur la pêche, mais ses nombreux dessins représentant les travaux des champs. C’était un contemporain d’Odorico, et cela me semblai faire sens aussi parce que c’est une image du passé, du temps où les chevaux n’avaient pas été remplacés par les tracteurs ; et l’on voulait évoquer cela, ainsi que le lien à « l’arrière-pays » breton qui est toujours la terre nourricière de la ville.
Autre rapport au temps : le livre d’heures et le représentation des saisons. La fresque peut se lire aussi comme telle : l’hiver à gauche, l’arbre effeuillé, la terre nue et grise, le labour, la ville moyennageuse ; puis le printemps, les semailles, les premières fleurs, les enfants qui jouent ; l’été vient ensuite, avec les céréales, les fleurs ; les moissons, l’automne, et à nouveau la ville, la rentrée des classes et le moulin ; et c’est à nouveau l’hiver mais aussi le bon pain, les gâteaux et l’annonce d’un nouveau printemps par les musiciens.

esquisse pour la fresque logeais

esquisse pour la fresque logeais

Il a fallu un petit moment pour que l’esquisse soit validée par la commission culture et autres instances institutionnelles.

Puis en décembre et janvier j’ai reporté l’esquisse sur les 17 panneaux de bois (préparés et peints en blancs par les membres dirigeants de l’association des résidents du quartier Thabor St Hélier Gare, dont le président Alain, Patrick et Anne Marie) de 1,5 par 1 mètre. J’ai fait quelques modifications par rapport à l’esquisse originelle (mesurant environ 1 mètre par 8 centimètres) et rajouté de nombreux éléments. Les conditions de travail étaient un peu dures, le local qu’on m’avait prêté pour ce travail étant peu éclairé et non chauffé. C’était pour moi un défi technique aussi, même si j’ai l’habitude d’agrandir mes petits dessins pour en faire de grandes toiles. La livraison des panneaux s’est faite dans les temps et c’était une joie de voir les responsables des écoles et autres structures participantes repartir avec leur morceau de la fresque en devenir.

 

panneaux de bois encrés bruts

panneaux de bois encrés bruts

On a fait un peu la tournée avec Alain pour présenter le projet à tous les participants. On a vu un peu les étapes de la mise en couleur, mais je ne suis pas intervenu directement dans les ateliers en question. On a récupéré tous les panneaux en juin. Beaucoup de surprises : des merveilles, des bizzareries, des éclats de rire et de joie inattendus, mais aussi quelques dégâts à réparer : des endroits où le dessin avait complètement disparu sous les barbouillages enfantins. On avait prévu de refaire tous les contours, les débordements étaient prévisibles. J’ai donc passé tout l’été à refaire les contours, et les détails tels que les visages pour redonner de la cohérence et de la lisibilité à l’ensemble de la fresque. La plupart du temps, j’ai laissé la peinture telle quelle, sauf en quelques endroits où le blanc était resté et là où tout était recouvert. Quelques panneaux ont été peints par d’autres artistes rennais qui ont fait des merveilles : merci à Odile, Jo et Vera ! Les enfants ont amené fraîcheur et spontanéité, je les remercie et j’espère qu’ils se sont amusés, que l’exercice ne les a pas dégoûtés, qu’ils seront fiers de passer devant. J’espère que cette fresque amènera de la joie et de l’énergie aux passants? J’espère que ce projet inspirera d’autres projets. J’espère que tous les participants y ont pris plaisir et appris quelque chose, et que cela leur donne envie de croire en leurs talents.

Je tiens à remercier tous les participants, dont les prénoms sont inscrits sur le 18è panneau. Et aussi toutes les institutions et associations qui ont accueilli une partie des panneaux et ont intégré ce travail à leur programme :

L’association des résidents Quartier Laënnec St Hélier Gares, l’association Pari Rennes, le Cercle Paul Bert Centre, le collectif chantiers d’art, le conseil de quartier Thabor St Hélier Alphonse Guérin, la crèche Alain Gerbault, le Crédit Mutuel de Bretagne, les Écoles Faux Pont, Liberté et Pablo Picasso, l’Espace des 2 rives, le pôle St Hélier Médecine physique et de réadaptation et la ville de Rennes.

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